DE PLUS BELLE

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Si je vous dis, là : "Tiens, pourquoi ne pas passer un bon moment devant un film qui parle de la rémission d'une femme de 40 ans, frappée par le cancer du sein, qui va essayer de reprendre confiance en elle, de retrouver le goût de vivre et pourquoi pas de tomber enfin amoureuse"… Je sais, comme ça, d'instinct vous allez me dire "Euh, vous n'auriez pas une bonne comédie plutôt" ? Mais "De plus belle" est une comédie : pas seulement, mais quand même…

Anne-Gaëlle Daval a su trouver les mots et les images pour aborder des thèmes extrêmement difficiles, dans un registre qui mêle émotion et romantisme. Florence Foresti est Lucie, cette femme blessée dans son corps et son cœur, décidant d'adresser un bras d'honneur au destin en acceptant de tenter l'aventure sentimentale avec Clovis, beau gosse dragueur arrogant interprété par Mathieu Kassovitz, qui en la bousculant, va aussi la remettre sur le chemin de la vie…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES EMOTIFS ANONYMES (Difficile de prendre confiance en soi et de laisser enfin parler son coeur. Aimer son contraire ou son double peut grandement aider : ces deux films le prouvent...) ou encore NOS ETOILES CONTRAIRES (Aimer l'autre, même quand le spectre de la maladie rôde : une épreuve dont on peut sortir dévasté ou grandi...).

Si vous avez trouvé que "De plus belle" valait aussi le coup d'œil pour ses décors, sa lumière, son ambiance, sachez que ce n'est pas un hasard. Anne-Gaëlle Daval, la réalisatrice, a mis dans ce premier film toute l'expérience acquise au long des années où elle fut costumière sur les longs métrages des autres…

Logique aussi qu'elle ait su confectionner sur mesure les deux rôles principaux, dévolus à Florence Foresti et Mathieu Kassovitz. Pour la première, Lucie est un personnage moins loufoque que d'habitude. Star incontestée de la scène, la comédienne nous avait jusqu'ici habitués à des performances hautes en couleur dans des films comme "Barbecue", "Hollywoo", (qu'elle avait également scénarisé) ou "A fond". C'est la machine comique que l'on venait alors chercher, l'artiste populaire aussi. Cette fois, à la manière de Coluche dans "Tchao pantin" ou Daniel Auteuil dans "Jean de Florette" en leur temps, Foresti montre l'étendue de son registre, sur des thèmes qui apparaissent en creux dans ses sketches comme la féminité, la solitude, la peur de la maladie. Elle dit d'ailleurs elle-même que "De plus belle" lui a peut-être fait gagner quelques années de psychanalyse !

Pour Mathieu Kassovitz, l'équation est plus complexe à résoudre… Régulièrement, le bouillonnant acteur-réalisateur annonce qu'il se met en congé du cinéma, en des termes que la décence et les chastes oreilles de Tatie Clara m'interdisent de répéter ici. Je peux juste vous dire que ça commence généralement par "Allez tous vous faire…" Bref : travaillant sur ses propres projets de mise en scène, il redevient acteur occasionnellement et à chaque fois ou presque, son travail fait regretter qu'il ne soit pas plus présent sur nos écrans. Le rôle du tombeur goujat dans "De plus belle" s'ajoute ces derniers temps à des choses très différentes comme la série d'espionnage "Le bureau des légendes", "Un illustre inconnu" de Mathieu Delaporte ou "Happy end" de Michael Haneke…