CRÈVE SMOOCHY, CRÈVE

en VOD

Smoochy est un adorable rhinocéros mauve qui fait le bonheur des tout-petits. Son émission connaît un énorme succès et ses produits dérivés se vendent comme des petits pains. En raison de cet engouement général, Rudolph Smiley, son prédécesseur, lui voue une haine féroce. Avant qu'il ne soit mis à la porte pour d'obscures raisons, c'est lui qui amusait les bambins à la même heure. Frank Stokes, le directeur des programmes, a donc embauché Sheldon Mopes pour le remplacer. Celui-ci va même jusqu'à fréquenter Nora, une ancienne compagne de Smiley qui travaille à la programmation. Ce dernier ne va pas se laisser faire et échafaude déjà un plan machiavélique pour se venger.

Réalisé par Danny DeVito, vu en tant qu’acteur dans A la poursuite du diamant vert, Le Diamant du Nil ou encore Vol au dessus d’un nid de coucou, et réalisateur de La Guerre des Rose entre autres, Crève, Smoochy, crève ! est une comédie farfelue destinée à séduire petits et grands grâce à ses différents niveaux de lecture possibles, et servie par une distribution de premier choix qui comporte, outre Danny DeVito lui-même, des talents aussi confirmés que Robin Williams, souvenez-vous de Good Morning, Vietnam de Barry Levinson, du Cercle des poètes disparus mis en en scène par Peter Weir, mais aussi du moins médiatisé mais non moins remarquable Final Cut d’Omar Naim. Edward Norton, L’Incroyable Hulk de Louis Leterrier, ou encore Catherine Keener, remarquée dans Adaptation de Spike Jonze, et Into the Wild de Sean Penn.

Vous assisterez à un congrès néonazi, vous entendrez des citations pas toujours de bon aloi, vous serez les témoins privilégiés d’une déferlante de mauvaise foi,  bref, si vous êtes un tant soit peu familiers de l’humour façon Danny DeVito, alors, vous ne pourrez que rejoindre la horde des admirateurs du petit rhinocéros mauve, Smoochy.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OU EST PASSEE MON IDOLE (Ce film de Richard Benjamin se veut également une satire de l'univers de la télévision américaine.) ou encore UN FLIC A LA MATERNELLE (Le rôle que tient Arnold Schwarzenegger dans ce film d'Ivan Reitman avait été initialement proposé à Danny DeVito.).

Vous l’aurez remarqué, le fait de présenter des émissions pour enfants et de chanter et danser devant les caméras, n’implique pas forcément un état d’esprit bon enfant ou une honnêteté à toute épreuve. Bien au contraire. C’est du moins ce que tend à démontrer Danny DeVito dans Crève, Smoochy, crève !, puisque derrière la façade de paillettes se cache un univers composé de requins aux dents longues, uniquement attirés par l’odeur de l’argent et prêts à toutes les bassesses dans le but de parvenir à leurs fins.

Le cinéaste n’en est cependant pas à son coup d’essai en ce qui concerne le traitement de la noirceur de l’âme chez l’humain. Les personnages de Balance maman hors du train et de La Guerre des Rose, deux de ses œuvres, ne sont pas en reste de ce côté-là. Et si on rit beaucoup chez DeVito, on grince aussi pas mal des dents devant l’image qu’il nous renvoie de nous-mêmes et de la société à laquelle nous appartenons. Et puis il y a les acteurs des films de Danny DeVito, ceux sur lesquels il s’appuie pour mettre en valeur les différentes et multiples situations généralement gratinées comme vous avez pu le constater, qui jalonnent ses scénarios.

Et si certains de ces comédiens sont utilisés par DeVito dans le registre qui leur est familier, Robin Williams par exemple dans le cas présent, d’autres à l’instar d’Edward Norton qui joue ici Sheldon Mopes, alias Smoochy, sont choisis pour leur côté caméléon et leur capacité, voire leur plaisir, à déstabiliser le spectateur et à casser leur image à chaque fois qu’ils s’en créent une. C’est également le cas de Catherine Keener, Nora dans l’histoire, peu habituée à jouer les femmes vulgaires et dont les multiples prises de becs avec Norton tout au long de Crève, Smochy, crève ! ne manquent pas de piment. Autant d’éléments auxquels il convient d’ajouter la présence de Danny DeVito lui-même, devant la caméra des films qu’il met en scène. Un atout majeur et dont l’artiste semble parfaitement conscient.

Cette critique du show-biz est plutôt efficace dans son genre, car elle montre, non sans une certaine cruauté et avec beaucoup d'humour (trop souvent sexuellement scabreux, je vous l'accorde), que les vedettes de télévision restent éphémères et interchangeables, mais aussi ...