COUP DE FOUDRE À MANHATTAN

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La comédie romantique hollywoodienne fonctionne sur quelques mécanismes aux rouages bien huilés dont l’un est l’histoire de Cendrillon : elle est pauvre, il est riche, qu’à cela ne tienne, il fera d’elle une princesse, ils se marieront et vivront heureux jusqu’à la fin des temps ! Il y a ainsi de grands ancêtres comme Sabrina de Billy Wilder (1954) où la jeune Audrey Hepburn, fille de chauffeur dans une maison de maître, finit par épouser Humphrey Bogart, l’un des fils de la famille. Ou Le Milliardaire de George Cukor (1960) dans lequel l’as de la finance interprété par Yves Montand tombe amoureux d’une actrice sans le sou qui a les traits de Marilyn Monroe. Ou, plus près de nous, Pretty Woman de Garry Marshall (1990) qui voit la transaction entre un homme d’affaires (Richard Gere) et une ravissante prostituée (Julia Roberts) se transformer en «love story». Parfois, c’est l’homme qui joue les Cendrillon, comme dans Coup de foudre à Notting Hill de Roger Michell (1999) où le libraire londonien interprété par Hugh Grant finit dans les bras de la star américaine qui a les traits de Julia Roberts…

On retrouve dans le scénario de Coup de foudre à Manhattan les accents de Working Girl de Mike Nichols (1988), que l’on devait déjà à la plume du scénariste Kevin Wade. Dans ce film, Harrison Ford incarnait un homme d’affaires s’éprenant d’une petite secrétaire interprétée par Melanie Griffith, celle-ci se faisant passer pour sa riche patronne, interprétée par Sigourney Weaver. Sous la direction de Wayne Wang, on retrouve ici Jennifer Lopez dans le rôle d’une femme de chambre de grand hôtel et Ralph Fiennes dans celui d’un homme politique (Républicain, qui plus est) en campagne.

Si la fin de ce genre de films ne fait généralement aucun doute, l’intérêt est de voir comment le réalisateur va nous y mener, balayant les barrières sociales et financières pour réunir, au bout du compte, le prince et la bergère. Il n’y a que dans les contes de fées et dans les comédies romantiques made in Hollywood que l’amour sort à ce point vainqueur de tous les obstacles.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRETTY WOMAN DE GARRY MARSHALL (1990). (L’histoire de Cendrillon revisitée, avec au lieu d’un politicien et une femme de chambre, un homme d’affaire et une prostituée.) ou encore LOIN DU PARADIS DE TODD HAYNES (2002) (Sorti en France le 12 mars 2002, comme Coup de Foudre à Manhattan, ce film était lui aussi un «à la manière de», non pas de la comédie romantique hollywoodienne mais du mélodrame façon Douglas Sirk.).

Le réalisateur Wayne Wang est né à Hong Kong en 1949, il doit son prénom aux références cinématographiques de son père, qui adorait l’acteur John Wayne. A 18 ans, le jeune homme s’installe aux Etats-Unis et y apprend le cinéma à l’Université d’Oakland. Après son film de fin d’études, un long métrage resté inédit, A man, a woman and a killer, réalisé en 1975, Wayne Wang rentre à Hong Kong et y signe plusieurs épisodes de séries télévisées.  De retour aux Etats-Unis au début des années 1980, il s’inspire de son expérience d’immigré chinois sur le sol américain et écrit, réalise et assure le montage de Chan is missing. Ce polar drolatique tourné dans le quartier de Chinatown à San Francisco, est l’un des précurseurs de la nouvelle vague asiatique représentée par Ang Lee, Johnnie To ou Wong kar Wai. Il sera montré en 1982 en France grâce au Festival des 3 Continents de Nantes.

Dès son troisième long métrage, Wayne Wang est invité dans la cour des grands puisque Dim Sum : a little bit of heart est présenté au Festival de Cannes 1984 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Un polar érotique (Slam Dance) et un film en costume plus tard (l’excellent Eat a bowl of tea), il signe Le Club de la chance (1993) d’après le best seller de Amy Tan. En 1995, il réalise son chef d’œuvre, Smoke, sur un scénario de Paul Auster, avec un casting prestigieux réunissant William Hurt, Harvey Keitel, Forrest Whitaker et Stockard Channing. La même année, il cosigne avec Paul Auster Brooklyn Boogie basé sur des improvisations.

Par la suite, il alterne les films personnels reprenant des thématiques qui lui sont chères (Chinese Box, 1997, Le Centre du monde, 2001, La Princesse du Nebraska ou Un millier d’années de bonnes prières, 2007) et les comédies hollywoodiennes comme Ma mère, moi et ma mère (1999), Coup de foudre à Manhattan (2002) ou Win-Dixie mon meilleur ami (2005).

Très beau film, d'habitude les films d'amour ce n'est pas mon style mais celui-là est très beau. Les acteurs ont bien été choisis. Seulement... Ils auraient dû mieux faire le scénario. ...