CÉZANNE ET MOI

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Qui savait qu'Emile Zola et Paul Cézanne ont longtemps été amis ? Mais aussi qu'ils sont longtemps restés brouillés suite à la parution de L'oeuvre. Le peintre ayant estimé que l'écrivain s'était beaucoup inspiré de lui pour ce roman, jusqu'à le caricaturer dans le personnage de Claude Lantier, un artiste maudit.

Danièle Thompson découvre cette histoire au début 2000 dans un article de presse. Elle va la marquer, lui donner envie d'en tirer un film, mais elle reporte sans cesse sa mise en chantier. Après l'insuccès de Des gens qui s'embrassent, la scénariste et réalisatrice décide qu'il est temps de s'y coller et se plonge dans toute la documentation possible pour s'immerger dans la vie des deux hommes. Elle en tire l'envie de les raconter non pas à travers le prisme de leur légende, mais de celui d'une relation de jeunesse, d'hommes partagés entre leurs ambitions et leurs faiblesses.

Thompson la filmera comme une relation amoureuse, avec ses accélérations et ses passages à vide. A travers Cézanne et Zola, elle filme la difficulté de rester des amis d'enfance quand on partage la même vocation de devenir artiste, comment le succès de l'un peut menacer la relation des deux. Et si Thompson ne prend parti pour aucun des deux, c'est sans doute parce qu'au delà de ces deux figures mythiques, Cézanne et moi devient une oeuvre des plus personnelles quand elle ausculte les inquiétudes, le rapport à la célébrité et l'intégrité dans l'art, qu'on soit  peintre, romancier ou... cinéaste.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SÉRAPHINE (Un biopic de Séraphine de Senlis, qui comme Cézanne connaîtra une reconnaissance tardive) ou encore LA VIE PASSIONNÉE DE VINCENT VAN GOGH (Un autre biopic de peintre, sur les affres de la création artistique).

Lorsqu'elle écrit Cézanne et moi, Danièle Thompson n'a pas vraiment d'idée en tête pour son casting. Elle optera pour Guillaume Gallienne et Guillaume Canet en partie parce qu'ils sont arrivés à un âge, la quarantaine, où l'on commence à se demander ce qu'on a fait de sa vie, mais aussi parce qu'ils entretiennent une image juvénile. Thompson proposera d'abord à Gallienne d'incarner Zola. L'acteur s'entichera immédiatement du rôle de Cézanne et convaincra la réalisatrice lors d'une lecture du scénario.

L'autre Guillaume du film, Canet, aura quelques doutes quant a sa crédibilité en Zola, mais découvrira en relisant ses livres son itinéraire de prolo devenu bourgeois et une personnalité terrienne dans laquelle il se reconnaissait. Ce n'est cependant qu'après de nombreux essais de maquillages, lorsqu'il trouva la bonne barbe postiche qu'il se sentit totalement à l'aise avec la stature du personnage. Gallienne, lui, se préparera aux côtés du peintre marseillais Gérard Traquandi pour trouver la technique de peinture de Cézanne.

Pour ne pas tomber dans la simple illustration ou le cliché, Daniele Thompson ne voulait pas d'une lumière rappelant celle des tableaux de l'auteur des Baigneurs. Elle donnera, entre autres, pour références à Jean-Marie Dreujou, chef-opérateur et collaborateur régulier de Patrice Leconte et Jean-Jacques Annaud, Portrait de femme de Jane Campion ou Carrington de Christopher Hampton. C'est la structure du film, elliptique, navigant entre le parcours de l'écrivain et du peintre et leur dernière rencontre avant la dispute, qui se rapprochera du travail de Cézanne en étant, comme ses tableaux, impressionniste.

Excellent film. Tout y est bon (acteurs, décors, image, réalisation, costumes, scénario). Mon seul bémol serait le survol du contexte historique qui passe au second plan alors que la Commune et l'affaire Dreyfus ont quand même dû un peu secouer Zola... Mais si on est un ...

Je vais être franc avec vous. J'étais circonspect avant que la séance ne commence. Parce que ce genre de films, en France, ça donne souvent lieu à des reconstitutions historiques plates et amidonnées, qui s'étirent plus que de raison et finalement, ennuient et tournent en ...

Un nom qui ne restera longtemps qu’une grossière tâche de peinture quand l’autre a déjà calligraphié le sien de plusieurs écritures. Voilà ce qui fit le drame, presque le tragique, mais aussi toute la beauté de l’amitié qui lia Paul Cézanne et Emile Zola pendant ...