C'EST PARTI

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Le 11 janvier 2008, la réalisatrice Camille de Casabianca écrit une lettre à Olivier Besancenot qui a été le candidat de la Ligue Communiste Révolutionnaire l’année précédente aux élections présidentielles. Elle vient d’apprendre que son parti s’apprête à changer radicalement.

« Cher Olivier, lui écrit-elle, Vous allez bientôt voter le processus constitutif de ce nouveau parti et cette transition se prête à un projet cinématographique. D'abord, parce qu'il y a un sujet fort et une vraie histoire, avec un début, un milieu et une fin lorsque le parti sera constitué. Ensuite, parce qu'il est intéressant de garder une trace de comment ça s'est passé. »

La cinéaste reçoit l’autorisation de tout filmer et dès février 2008, elle commence son tournage qui va durer une année, jusqu’à la naissance du Nouveau Parti Anticapitaliste. Documentaire en immersion, au plus près de militants de générations différentes, C’est parti retrace cette période de remise en question, de débats animés, à travers des moments de vie variés comme ces militants occupés à balancer de vieux dossiers par la fenêtre ou encore les diverses activités d’une université d’été au bord de la mer…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA COSA (Nanni Moretti filme les débats au sein du Parti Communiste Italien qui a décidé de changer de nom et d'identité) ou encore MOURIR À TRENTE ANS (Portrait d'un membre de la LCR, militant dans les années 1960-1970.).

Camille de Casabianca s’est engagée à l’extrême gauche alors qu’elle était lycéenne et avait rejoint les Comités Rouges. Au bout de quelques années, le désenchantement l’a gagnée et elle a eu la certitude qu’elle ne verrait pas la révolution internationale de son vivant. Avec C’est parti, son propos n’est pas de faire un film politique. Elle raconte qu’elle a cessé de faire de la politique quand elle s’est lancée dans le cinéma, au début de sa vie d’adulte. « Je ne tiens pas à être le chantre de ce parti ni à le descendre en flammes, précise-t-elle. Je filme ce processus de transformation, un peu comme une physicienne observe un corps passer d’un état à l’autre, solide à liquide. »

Camille de Casablanca définit C’est parti comme un film sur « ce que c'est d'être militant aujourd’hui » mais son documentaire apporte également un témoignage intéressant sur la question de la « pipolisation », sur les rapports entre les médias et la vie politique. Au début du projet, la cinéaste a bien pris note qu’Olivier Besancenot ne souhaitait pas être au centre du film. Elle a donc veillé pendant les prises de vues à ne pas lui accorder une place plus importante que celle des autres personnages. Certaines séquences sont d’ailleurs très éloquentes sur la méfiance d’Olivier Besancenot face aux dérives médiatiques.

« C’est parti est un objet de cinéma car il peint un idéal et ses contradictions de la manière la plus concrète qui soit », explique la cinéaste Camille de Casabianca. Son parti pris de ne pas ajouter de commentaire aux images, aux situations qu’elle a saisies illustre la confiance qu’elle fait au spectateur de recevoir ce qu’elle lui propose sans qu’il ait à subir un discours qui n’ajoute rien à ce qu’il comprend tout seul. Elle tient elle-même la caméra et sait attendre le « bon moment. » Elle confie dans son journal : « Je remercie secrètement les cameramen d’actualités qui m’ont inculqué une chose à mes débuts : ne pas bouger. Je reste là, comme un chien qui ne lâche pas son os, je ne panote pas et, finalement, le plan vient. »