Lors de la sortie américaine de Bodies Bodies Bodies, Amandla Stenberg est rentrée en conflit avec la critique du New York Times Lena Wilson. Dans la chronique du film, cette dernière notait qu’il s’agissait là d’une « pub de 95 minutes pour le décolleté », ciblant particulièrement l’actrice afro-américaine. Amandla Stenberg, particulièrement piquée par la remarque, lui envoya un message privé pour lui dire que « si vous aviez détourné les yeux de ma poitrine, vous auriez peut-être pu regarder le film ». Message partagé publiquement par la journaliste sur son Twitter, créant ainsi une scission immédiate entre les usagers trouvant la démarche de la comédienne déplacée et ceux trouvant la critique de Lena Wilson abusive. Pour clore l’affaire, Stenberg a posté une vidéo : « J’en ai marre qu’on parle de ma poitrine. Vous avez le droit de critiquer mon travail, alors j’ai le droit de critiquer le vôtre. Bon vent. »
La réalisatrice Halina Reijn a réussi une sévère critique de la bourgeoisie mais aussi de la génération Z. Si beaucoup ont noté une ressemblance avec « Les Dix Petits Nègres » d’Agatha Christie – le manoir isolé dans lequel se déroule l’histoire de Bodies Bodies Bodies rappelant l’île du roman –, la réalisatrice cite, au micro de Vice, d’autres influences : Fatal Games (1991), le film Michael Lehmann avec Shannen Doherty, dont elle dit « c’est de l’horreur, mais c’est aussi drôle et déluré » ; Don’s Plum, sur une bande de jeunes qui se rassemblent tous les jours pour discuter, long métrage désavoué depuis par DiCaprio et Tobey Maguire ; ou encore le film de Mike Nichols, Qui a peu de Virginia Woolf ? pour ses « performances animales, comiques, sauvages, tout à la fois » et son action confinée à un seul lieu.
Audacieux dans sa photographie, Bodies Bodies Bodies n’est parfois éclairé que par les smartphones de ses personnages ou les colliers phosphorescents qu’Alice porte autour du cou. Le chef opérateur Jasper Wolf a donc délégué la lumière et l’éclairage des scènes aux comédiens et comédiennes, ces derniers ayant à orienter seuls leurs téléphones pour mettre l’action en lumière. C’est une chorégraphie précise, donc, qui a permis au film d’avoir ce look très singulier. Ce n’est pas sans rappeler la direction de la photographie du film d’horreur français Méandre, de Mathieu Turi. L’actrice Gaia Weiss, enfermée seule dans un long et étroit tunnel devait elle-même éclairer l’action avec la seule source de lumière possible : le bracelet-montre phosphorescent de son personnage.