AU NOM DE LA LOI en VOD
- De
- 1932
- 83 mn
Le corps de l’inspecteur Clamart est retrouvé dans la Seine, une enquête est menée par ses collègues pour trouver les coupables.
- Policier / Suspense
- France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Considéré comme un des meilleurs cinéastes français et comme un des meilleurs cinéastes tout court en son temps, Maurice Tourneur est également un des rares artistes du cinéma français à avoir droit à son étoile sur le Hollywood Walk of Fame à Los Angeles, à l’instar de son fils, Jacques Tourneur. Ayant démarré à l’époque du muet, débauché par la World Film Corporation dans les années 1910 pour tourner aux États-Unis, Maurice Tourneur en est reparti déçu, retournant en France pour embrayer sur le cinéma parlant, dont la réalisation du film Au nom de la loi, qui s’inscrit dans sa préférence quasi unilatérale pour le genre de film policier.
Une chose frappe très vite devant Au nom de la loi avec ses bouges mal famés, ses prostituées et ses bandits à la petite semaine, c’est sa peinture réaliste du milieu interlope parisien des années 1930. Si le film adopte une trame classique de malfaiteurs poursuivis par les autorités pour leurs agissements concernant les trafics de drogue et l’assassinant d’un policier, on est surpris par certaines images qui, sans être crues, ne cherchent à aucun moment à édulcorer le caractère sordide et illégal des malversations en tout genre. Le plus surprenant reste cette séquence incroyable où l’on voit à l’écran un homme et une femme se rendre sur un bateau tenu par des trafiquants pour fumer tranquillement de l’opium, à l’abri des regards.
Réalisme primant devant le reste, Au nom de la loi fait moins dans la psychologie et l’étude de caractères qu’il ne cherche à rendre compte d’ambiances, d’atmosphères précises, que ce soit l’émulation en heure de pointe dans une gare, ou l'effervescence dans un troquet situé rive droite à Paris. En conséquence de quoi le film met en scène énormément de personnages qui se distinguent les uns des autres de par leurs apparences remarquables : Gabriel Gabrio est terrifiant en bandit reclus à St Maur qui impressionne les policiers à cause de son gabarit, Marcelle Chantal marquante dans son rôle de femme fatale qui mène grand train en séduisant des hommes naïfs, tandis que Charles Vanel campe un policier pugnace, déterminé à oeuvrer pour arrêter les coupables.
Si la maîtrise côté réalisation de Maurice Tourneur est indubitable au moment de la sortie de Au nom de la loi, le film fait figure de prédécesseur du côté de sa richesse picturale. Ses contre-jours sur le pont de la Seine Alexandre III donnent une impression d’ombres chinoises, la tentative d’évasion du comte de Bullack semble annoncer les films noirs étasuniens des années 40 en matière d’action pure, et ses cadrages disposent d’une liberté bien plus grande que beaucoup de films de cette époque, tant les variations sont nombreuses. On imagine sans peine comment avec un film comme Au nom de la loi Maurice Tourneur a pu inspirer la génération suivante de polars français, comme ceux de Henri-Georges Clouzot.