ALL THAT JAZZ : QUE LE SPECTACLE COMMENCE

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Avec ses innombrables références plus ou moins directes à la carrière de son réalisateur Bob Fosse, Que le spectacle commence est une forme cinématographique d’autofiction avant la lettre. Roy Scheider y figure un metteur en scène qui se pousse à bout en travaillant simultanément à l’achèvement d’un film biographique sur un comique de stand up, et à la préparation de sa prochaine comédie musicale pour Broadway.

Les deux spectacles  sont des allusions transparentes à Lenny, le film qui avait valu à Bob Fosse et à Dustin Hoffman des nominations à l’Oscar, et à Chicago, le spectacle musical mis en scène par Bob Fosse. Le personnage lui-même est représenté comme un un homme au bord de la crise cardiaque, travailleur acharné, séducteur compulsif, fumeur invétéré, et grand consommateur d’amphétamines. Dans la réalité, Bob Fosse avait probablement le même style de vie, qui lui a valu plus d’une crise cardiaque, avant celle qui l’a emporté à l’âge relativement précoce de 60 ans. Dans son rôle, Roy Scheider a probablement donné la meilleure performance de sa carrière. Il a été nommé à l’oscar cette même année, mais ironiquement, la récompense est allée à Dustin Hoffman pour Kramer contre Kramer.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHICAGO ou encore NINE .

Ce n’est pas un hasard si on fait fréquemment le rapprochement entre Que le spectacle commence et 8 et demi. Bob Fosse emprunte à Fellini son sujet, le point de vue du créateur sur le monde de l’art, qu’il traite de la même façon, sur le mode autobiographique, avec une certaine dose de narcissisme. Fosse est allé jusqu’à emprunter à Fellini son chef opérateur Giuseppe Rottuno, qui donne à Que la fête commence une éxubérance toute latine.

Roy Scheider s’est inspiré de son modèle, les vêtements noirs, les cigarettes, le bouc, la tension permanente. Dans la réalité, Bob Fosse a eu sa première crise cardiaque à l’époque de Lenny et de Chicago, qui correspondent à leurs équivalents fictifs dans Que le spectacle commence.

Le film a reçu une pluie de nominations aux Oscars, et en a récolté quatre : un pour la décoration de Tony Walton (incidemment marié à Julie Walters), un autre pour le montage d’Alan Heim, particulièrement spectaculaire lors d’un casting collectif, un troisième pour la musique de Ralph Burns, et un autre pour les costumes d’Albert Wolsky.

Bob Fosse ne réalisera par la suite qu’un film (Star 80) et une pièce (Big Deal) avant de succomber à une prévisible crise cradiaque.

Malgré une œuvre cinématographique relativement limitée de cinq films, le metteur en scène a laissé un héritage important. Ce film en particulier a influencé les réalisateurs les plus variés, depuis Sam Mendes jusqu’à Darren Aronofsky. Le plus évident reste Rob Marshall , qui a réalisé Chicago et Nine en hommage direct à Bob Fosse. Chicago n’est rien moins que l’adaptation de la comédie musicale de Bob Fosse, et Marshall emprunte à Fosse sa façon de représenter les morceaux musicaux comme des projections mentales des personnages. Quand à Nine, c’est un hommage à 8 et demi de Fellini, qui était l’inspiration de Que le spectacle commence. Il n’a pas fini de continuer.

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