VIE PRIVÉE

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Vie privée (1962) est dans la carrière de Louis Malle un des rares films dont il n’est pas à l’origine. Après avoir coréalisé avec le Commandant Cousteau Le Monde du Silence (Palme d’or à Cannes en 1956), il a fait ses grands débuts dans le long métrage de fiction en même temps que les jeunes Turcs de la nouvelle vague. Avec Ascenseur pour l’échafaud puis Les Amants, il avait réussi à imposer une liberté de ton. Son troisième film, Zazie dans le métro, adapté de Raymond Queneau, a été un échec commercial. Mais deux mois après sa sortie, Malle a été contacté par la productrice Christine Gouze-Rénal qui lui a proposé de mettre en scène Brigitte Bardot. A l’origine, il s’agissait de tourner un remake des Amants terribles de Noêl Coward, à partir d’un scénario d’Henri Jeanson. Mais Malle n’avait pas envie de travailler avec Jeanson et, dans la foulée, il a obtenu de laisser tomber Noël Coward pour explorer le mythe Bardot.

 
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A l’origine de ce film Vie privée, il y a Christine Gouze-Rénal qui, ayant déjà produit deux films avec Brigitte Bardot (La mariée est trop belle et La Femme et le Pantin), l’a facilement convaincue de s’embarquer dans ce projet qui interrogeait son image. Comme son personnage de Jill, Bardot a commencé par étudier la danse et elle a posé comme modèle pour des journaux féminins avant d’entamer une carrière d’actrice qui l’a vite catapultée au rang de star. « Avant d’écrire le scénario, avec Jean-Paul Rappeneau nous avons beaucoup parlé avec elle, raconte Louis Malle. Nous avons piqué ça et là des détails de sa vie et son personnage était assez proche d’elle. »

Pour autant le tournage n’a pas été facile. Bloquées sur un calendrier très serré, les prises de vues ont commencé avant que le scénario ne soit achevé. Rappeneau, le futur réalisateur de La Vie de château qui n’avait pas encore commencé sa carrière de cinéaste, écrivait donc la journée pendant que Malle tournait dans l’ordre chronologique du récit et les deux hommes se retrouvaient la nuit pour finaliser de nouvelles scènes.

D’après Malle, les tensions sur le plateau, dues en partie à Bardot qui rechignait à changer sa coiffure ou à tourner sans maquillage pour coller à son personnage, se sont estompées au moment de tourner la dernière partie du film à Spolète en Italie. « C’était davantage improvisé et j’étais plus décontracté. Tout le monde a alors commencé à se détendre. Les scènes sont devenues plus sensuelles et plus tard j’ai souvent essayé de retrouver l’état de grâce de cette fin de tournage » a raconté le cinéaste.

La photo aux dominantes blonds et bleus d’Henri Decae a contribué au prestige du film. Ce chef-opérateur, qui avait fait les deux premiers films de Louis Malle en noir et blanc, tout comme les 400 coups de François Truffaut, Le Beau Serge et les premiers Claude Chabrol, témoignait d’une sensibilité extraordinaire à la couleur qui s’est confirmée par la suite dans ses collaborations avec Jean-Pierre Melville. Notamment sur Le Samouraï et Le Cercke rouge.

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