UN TRIOMPHE

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Chef-d’oeuvre du théâtre de l’absurde, « En attendant Godot » de Samuel Beckett est une pièce réputée difficile à mettre en scène. C’est pourtant cette oeuvre que Etienne (Kad Merad) décide de monter avec les participants de l’atelier-théâtre qu’il anime en prison. Un choix qui s’impose à lui comme une évidence car que fait-on en détention, sinon attendre ?

Des pesanteurs administratives à la démotivation des uns et des autres, Etienne fait face à toutes sortes d’obstacles mais obtient finalement que la pièce soit jouée hors des murs du centre pénitentiaire. Une belle réussite pour les détenus comme pour leur prof, un comédien désireux de renouer avec les planches qui le boudent depuis des années.

Un triomphe s’inspire d’une histoire vraie qui s’est déroulée en Suède dans les années 1980 et a fait l’objet d’un documentaire, Prisonniers de Beckett. Le réalisateur Emmanuel Courcol, qui avait dirigé Romain Duris dans Cessez-le-feu, a transposé les faits en France. Son film a notamment conquis le public du festival d’Angoulême qui lui a décerné son prix mais il a aussi décroché celui de la meilleure comédie attribué par l’Académie européenne du cinéma en 2020.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUATRE MINUTES (Les relations complexes entre une prof de piano et une jeune détenue qu'elle souhaite présenter à un concours) ou encore LE PRISONNIER D'ALCATRAZ (Un détenu "s'évade" mentalement en s'occupant d'oiseaux puis en devenant un ornithologue).

Donner une image juste du monde de la prison représente un vrai défi. Emmanuel Courcol avait beau porter le désir de faire ce film depuis des années il se méfiait des clichés qui entourent l’univers carcéral. « Comme beaucoup, j’étais tributaire de plein d’idées reçues », raconte-t-il. Il a donc abordé le projet par une solide approche documentaire. La première étape a consisté à recueillir les expériences d’intervenants théâtre en prison. Grace au comédien Olivier Foubert qui anime des ateliers à Fleury-Mérogis - et qui joue le régisseur de l’Odéon dans Un triomphe - le cinéaste a pu s’occuper d’un atelier-vidéo à la prison. Puis il a suivi de près au centre pénitentiaire de Meaux la création d’un opéra hip hop intitulé Douze cordes et en a tiré un documentaire.

Ces expériences ont permis à Emmanuel Courson de mieux connaître la réalité des prisons françaises et de pouvoir imaginer des personnages reflétant la diversité de la population carcérale d’aujourd’hui. Pour les incarner, il a d’abord pensé engager des comédiens amateurs, d’anciens prisonniers, mais il y a renoncé. Il aurait fallu consacrer un an au casting. Trop long… Et il a été ravi de trouver la bande d’acteurs qui compose sa troupe. Il leur a d’ailleurs laissé la possibilité d’improviser un peu dans les scènes de répétitions. Le résultat est on ne peut plus convaincant : « Quand on est allés présenter le film à la prison d’Angoulême, raconte le réalisateur, un détenu a demandé aux acteurs s’ils avaient bien été payés à leur sortie de prison ».

Kad Merad souligne qu’il faut être un comédien accompli pour jouer un non-professionnel. Au fil de l’histoire, chacun d’eux joue de mieux en mieux et c’est là qu'on mesure toute la qualité de leur performance. En allant tourner au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin-Neufmontiers, l’interprète d’Etienne mettait les pieds pour la première fois dans une prison. Un jour, après avoir joué une scène avec Laurent Stocker, il a emprunté un couloir visible par tous les détenus depuis leurs cellules. Stocker est plus petit de taille que lui et l’un des prisonniers a alors lancé : « Hey Kad, tu es venu avec le petit Nicolas ? ». Une boutade qui a immédiatement libéré le rire des deux comédiens.

Le film de coaching-improbable est un sous-genre du cinéma sur lequel on peut compter. The Mighty Ducks, Renaissance Man ou plus récemment Campeones font partie de ce vivier aussi énergisant que nourrissant... Un Triomphe vient les rejoindre par la grande porte. Le pitch ? Un ...

Un triomphe (titre ironique mais il faut garder le suspense) est inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée en Suède, il y a déjà quelque temps. Le synopsis est a priori simple : un acteur un peu has been monte une pièce de Beckett avec des détenus, récalcitrants ...

Mon amour du théâtre a vibré à l'unisson de mon amour du cinéma. Le réalisateur a fait dans le cadrage et le montage à l'ancienne, comme des Curtiz ou Hawks qui autrefois déjà magnifiaient des acteurs. Parlons-en de ces fous furieux, de Merad dont l'humanité est ...