THE ROYAL HOTEL en VOD
- De
- 2023
- 87 mn
- Drame
- Australie | Royaume-Uni
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
L'Australie profonde pour interroger la question des violences sexistes et sexuelles envers les femmes ? L'idée semble évidente, au vu d'une tradition de récits (et plus encore de films, de la saga Mad Max à Réveil dans la terreur ou Razorback) venus de ces antipodes, empreints de rapports primitifs voire d'une civilisation aux rapports sauvages, mais il aura fallu attendre que Kitty Green s'attelle à Royal Hotel et la concrétise avec cette immersion en territoire rugueux.
L'odyssée de deux jeunes femmes se retrouvant à tenir le bar d'un hôtel perdu dans un coin désertique du Bush l'étant encore plus n'a rien d'imaginaire : deux touristes finlandaises, qui avaient accepté ce job pour pouvoir financer le reste de leur périple l'ont vraiment vécue. Elles avaient fait l'objet d'un documentaire (Hotel Coolgardie, inédit en France) devenu la base de Royal Hotel sans que cela en soit un remake : Green n'en garde que les deux protagonistes centraux et la galerie de portraits d'Australiens du cru, ouvriers bruts de décoffrage, surtout après s'être abreuvés de pintes de bière. La réalisatrice tirant son film vers l'héritage d'un cinéma local mêlant sociologie et tension du cinéma d'épouvante (dans la lignée de Wolf creek ou du récent Limbo), explorant la face sombre du pays. Pour autant, Royal hotel a l'intelligence d'être encore plus inquiétant en étant tourné dans des décors naturels ou en ayant recours à des personnages jamais uni-dimensionnels : Hanna et Liv ne sont pas des oies blanches, les hommes qu'elles vont côtoyer dans ce bar, pas uniquement des bourrins masculinistes. Green invite aussi dans ce huis-clos sous un soleil de plomb, les nuances d'un discours complexe.
Royal hotel n'aurait sans doute pas autant de force sans la performance de ses deux actrices, Jessica Henwick et Julia Garner. Leur duo tisse une toile toute aussi dense que le propos du film, en allant de la sororité à de troublantes ambivalences. Royal Hotel y trouvant une épaisseur supplémentaire quand les questions du consentement, des ambiguïtés du désir qu'il soit masculin ou féminin, surgissent pour s'installer pleinement, s'additionner au regard de Green sur la place des jeunes femmes idéalistes dans un monde encore pétri de réflexes patriarcaux.
A défaut de contribuer au tourisme dans l'Australie rurale, Royal Hotel s'impose comme un modèle de cinéma différent pour parler des rapports hommes/femme en entremêlant sens de la chronique, du suspense et réflexion à l'opposé de tout manichéisme Même en étant éprouvante, cette immersion dans une salle de bar n'a rien d'une conversation de comptoir !