SUR LE CHEMIN DE LA RÉDEMPTION

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Les voies du Seigneur sont parait-il impénétrables mais le sacerdoce des hommes d’Eglise se doit lui d’être totalement poreux aux douleurs du monde… Ernst Toller, le personnage central du film de Paul Schrader que vous allez maintenant découvrir va en faire la cruelle et totale expérience…

Cet ancien aumônier militaire alcoolique et atteint d’un cancer ne se remet pas de la perte de son fils, soldat tué durant la guerre en Irak. Maladie et deuil constituent son quotidien, auquel s’ajoute la séparation douloureuse d’avec sa compagne. Ses démons intimes ne suffisant pas à sa peine, Ernst va découvrir que sa hiérarchie couvre d’étranges et frauduleuses affaires de financement avec une firme industrielle peu recommandable...

Ethan Hawke incarne avec une sobriété bouleversante cet antihéros tragique et sacrificiel, bref en un mot christique… A ses côtés, Amanda Seyfried dans le rôle de Mary (ça ne s’invente pas !) une paroissienne enceinte et tentatrice…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MESSE EST FINIE (Difficile de conserver la "foi" quand on est un homme de Dieu et que l'on se retrouve confronté aux réalités de la société, dans ce qu'elle a de plus touchant comme dans ce qu'elle propose de pire...) ou encore AMEN (L'Eglise peut parfois cacher d'atroces secrets, qu'il s'agisse de ses finances ou de son comportement face aux périls du monde... Paul Schrader comme Costa-Gavras en offrent deux visions...).

La sortie de First reformed, (« Les chemins de la rédemption » en français), a été saluée par d’élogieux articles dans la presse spécialisée, soulignant une triple influence : celle de Martin Scorsese, d’Ingmar Bergman et de Pavel Pawlikowski, cinéaste polonais, oscar 2015 du meilleur film étranger pour Ida. Il y a effectivement de tout cela dans le film de Paul Schrader mais il y a surtout son propre style : rugueux, sombre, désespéré. On connait le cinéaste de American gigolo, La féline ou Mishima, mais Schrader est également l’auteur de quelques-uns des scénarios emblématiques du Nouvel Hollywood dans les années 70.

Ses trois premiers scripts le placent d’emblée dans la catégorie des très grands : Yakuza de Sydney Pollack, Taxi driver de Scorsese et Obsession de Brian De Palma. On retrouve son nom au générique de Raging Bull, La dernière tentation du Christ ou Mosquito coast de Peter Weir et aussi à celui de Rencontres du 3e type de Steven Spielberg, même s’il n'y est pas crédité…

Chaque tragédie ayant besoin de son héros cabossé, il fallait un acteur ayant les épaules de ce registre pour incarner l’aumônier Toller. Dans First reformed, c‘est Ethan Hawke qui endosse ce costume. Ancien jeune premier façon beau-gosse, le comédien montre un autre visage dès son 3e film en 1989 : Le cercle des poètes disparus de Peter Weir, tiens tiens…. Il y joue le rôle d’un étudiant des années 60 aux Etats Unis, découvrant la beauté de la littérature et surtout le goût de la liberté au contact d’un prof adepte du « carpe diem » interprété par Robin Williams… Le succès du film aurait dû propulser Ethan Hawke dans la catégorie des stars mais il ne transforme pas l’essai, préférant aux plateaux de cinéma l’atmosphère des scènes de théâtre où il joue Shakespeare, Tchékov ou Tennesse Williams. Bienvenue à Gattaca, De grandes espérances, Training day, Lord of war ou Boyhood viendront rappeler par intermittence le potentiel d’un comédien à la volonté d’indépendance farouche…

First reformed, rebaptisé ici Sur le chemin de la rédemption (Et pour quelles raisons, puisque le film n’a pas eu les honneurs d’une sortie salle en France ?) est un film automnal, mais un automne qui touche à sa fin, convoque déjà l’hiver : Les dernières feuilles des ...

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