STEVE JOBS

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Qu'est ce qui fait un bon biopic ? Peut-être qu'il parle de bien autre chose de la personne qui en fait l'objet. Qu'il la transcende pour faire un état des lieux plus élargi qu'un parcours personnel ou un ego.

Steve Jobs se prêtait à l'évidence à cet exercice tant, au-delà de l'homme, il y eut sa participation incontestable à la révolution numérique. Le scénariste Aaron Sorkin et le réalisateur Danny Boyle refusent d'ailleurs de réduire leur film à Jobs, pour s’intéresser à trois moments clés de sa vie professionnelle rebondissant sur celle intime.

Très loin d'un résumé drastique façon fiche Wikipedia, ou du principe narratif de base des films biographiques (à savoir : présentation, ascension, chute et rédemption) Boyle et Sorkin organisent Steve Jobs en trois actes opératiques, n'hésitant pas à placer parfois Jobs hors-champ pour laisser de la place à l'entourage du patron d'Apple ou le comparer aux machines qu'il a créées, aussi géniales que grippées par des bugs. Entre plongée dans l'intime et regard global sur le monde de l'entreprise, Steve Jobs se distingue formidablement du tout venant des biopics. Une manière de rendre hommage au slogan, devenu une hygiène de vie pour son créateur, d'Apple : "Think different".

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE SOCIAL NETWORK (l'autre "biopic" écrit par Aaron Sorkin, consacré à un autre personnage-clé de la révolution numérique : Mark Zuckerberg) ou encore JOBS (2013) (le projet concurrent consacré à Steve Jobs (avec Ashton Kutcher dans ce rôle)).

Parmi les contributions au développement massif de l'informatique et à sa révolution du quotidien de monsieur tout le monde par Steve Jobs, il y eut les programmes de traitement de texte créés pour les ordinateurs Apple. Ironiquement, le film qui lui est consacré repose essentiellement sur un rapport aux mots, via l'homme-clé de ce projet : Aaron Sorkin. Lorsque Sony confie au scénariste en 2011, la biographie que Walter Isaacson a consacrée à Jobs, c'est lui qui impose la structure scénaristique, en trois parties de trente minutes, correspondant aux lancements des produits phare d'Apple : Le MacIntosh, le NeXt et l'iMac pour composer le portrait complexe de Jobs.

La tâche sera ardue, Sorkin planche trois ans avant d'être satisfait de sa copie. Pendant ce temps, Sony travaille au casting du film, proposant le rôle de Steve Jobs successivement à George Clooney, Matt Damon, Bradley Cooper ou Christian Bale. C'est ce dernier qui est retenu quand David Fincher se déclare intéressé par le projet. Le réalisateur et le studio ne parvenant pas à s'entendre sur un contrat, c'est finalement Danny Boyle qui est engagé, cette fois-ci avec Leonardo Di Caprio dans le rôle-titre. Cette combinaison ne verra pas plus le jour, quand Sony, fragilisé par une succession d’échecs, et la crainte d'un parasitage par un projet concurrent autour de Jobs, abandonne le film. Il sera repris par Universal, avec Boyle dans les bagages.

Cette gestation a laissé le temps au réalisateur de s'entendre avec Sorkin sur une forme en adéquation avec le scénario. De même que les trois parties suivent l'évolution psychologique de Jobs, elles seront chacune filmées dans un format d'image progressant du 16mm au numérique, idem pour le design général du film, des costumes aux décors, accompagnant à la fois les époques comme la conception du monde par Jobs. Le film reste pour autant une œuvre de fiction : ses scènes les plus importantes – autour de sa relation avec sa fille ou avec des pontes d'Apple – ont été inventées par Sorkin. A l'inverse, certains passages, comme les colères légendaires de Jobs, elles authentiques ne faisaient pas partie du scénario, mais ont été intégrées à la demande de Michael Fassbender pour coller à la réalité de son fascinant personnage.

"Mais raisonnement c'est que tout le monde a un idéal, il y a donc quelque chose de plus important que tout le monde n'a pas. Je suis sûr par exemple que Dieu n'a pas d'idéal. Il y a une phrase très très belle... de qui est-elle ? Je crois qu'elle est de Lénine. "L'éthique ...

C’était inévitable non, que Steve Jobs soit réussi ? Quand tu vois les noms à l’affiche, tu te dis que c’était inévitable, que c’était le destin, que c’était écrit. Aaron Sorkin déjà, au scénario, ça le fait. Le monument À la Maison Blanche, c’est lui. ...

Tout est une question de contrôle. Pour Aaron Sorkin, comme pour son personnage de Steve Jobs, le principal moteur de recherche est d’avoir la main mise sur un circuit fermé, une boucle qui se referme sur elle-même. Dans ce biopic qui n’en est pas un, ce qui permet à l’œuvre ...