De
L'Ange de la vengeance à
Bad Lieutenant en passant par
Christmas ou
King of New York, la plupart des grands films d'Abel Ferrara traitent de violence et d'amour, de péché et de rédemption, du conflit entre la foi et les actes des hommes. Avant
Mary, jamais Ferrara n'avait abordé le thème de la religion aussi frontalement, mis à part dans
Bad Lieutenant qui était l'histoire d'un terrifiant chemin de croix. Mais Ferrara a depuis longtemps délaissé les récits policiers et s'est éloigné des ambiances urbaines poisseuses de ses premiers films pour se consacrer à un cinéma plus introspectif, à la fois profondément humain mais aussi théorique.
Mary est sans doute l'aboutissement de ce cinéma de recherche, et prend souvent la forme d'un essai cinématographique mêlant fiction, reconstitution, débat, journal filmé, vidéo et 35mm … Une vaste et complexe mosaïque d'images, d'idées et de sensations conduit le spectateur au cœur du trouble qui traverse les trois personnages principaux du film, chacun à sa manière à la recherche de Dieu : une actrice qui traverse une crise mystique, un réalisateur mégalomane s'identifiant au Christ, un journaliste dont le scepticisme est mis à l'épreuve de son travail et de sa vie privé. Nul doute que Ferrara signe là son œuvre la plus intime, et l'empathie qu'il a toujours éprouvée pour ses héros et antihéros, atteint ici son paroxysme. Comme on pouvait s'y attendre,
Mary se tient aux antipodes des relents de religiosité ou de bondieuserie qui frappent de nombreux films hollywoodiens contemporains. C'est un film en état de grâce, mais aussi un film de crise, dans lequel Ferrara ose mettre en scène ses doutes et ses propres déchirements.
Dans le même genre vous pouvez trouver JE VOUS SALUE MARIE ou encore LA PASSION DU CHRIST .