LES ARDENNES

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On aurait tort de penser que le cinéma belge des années 2000 et quelque est entièrement sous l’influence des frères Dardenne. Car ces frères des Ardennes n’ont pas grand-chose en commun avec les signataires de L’Enfant ou du Gamin au vélo.
Nous sommes ici au cœur d’un polar convulsif qui met en scène deux frères dont l’un sort de prison alors que l’autre se voulait rangé des voitures. La lumière est braquée sur les ténèbres de l’âme humaine. Et ce que nous voyons n’est pas engageant.

Sorti en France au mois d’avril 2016, le film est l’adaptation, du moins dans sa première partie, d’une pièce de théâtre signée Jeroen Perceval, également coauteur du scénario et interprète du film. Robin Pront, le réalisateur, l’avait dirigé dans un court métrage, Plan B, et il n’a eu aucun mal à le convaincre de mettre sa pièce au pot pour servir de base au film.

Au cœur des Ardennes, il y a la relation un rien complexe entre deux frères dont les valeurs éthiques ne sont pas nécessairement les mêmes. Le recours à la violence, la consommation de drogue de l’un, écorché vif lorsqu’il sort de prison ne trouvant que difficilement un terrain d’accord avec le désir de quiétude presque bourgeoise de l’autre. Le problème est qu’entre-temps la femme du premier est devenue celle du second.

Le décor du drame est planté…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MUD (Ce film met également en scène un amour maudit sur fond de violence dans un milieu sans attache sociale) ou encore BROTHER (Deux frères se partagent la même femme à quelques années d'écart pour cause de l'absence de l'un d'eux).

On l’aura compris Les Ardennes est un film noir, intensément noir, qui convoque les mânes des frères Coen sans pour autant s’emparer aussi souvent de ce second degré que les auteurs de Fargo affectionnent. Le film nous plonge la tête la première dans une atmosphère oppressante, étouffante et ne nous lâche plus jusqu’à son épilogue, infernal, apocalyptique.

Nous avons le sentiment d’être lâchés dans un monde déchiqueté, avec une horde de pitbulls aux fesses.
Aucune chance d’en sortir indemne ni d’avoir le moindre moment de rémission, que nous nous trouvions en ville ou au cœur de la forêt des Ardennes, plus sauvage que la plus impénétrable des jungles.

Pour les connaisseurs, il est évident que ce film ressemble sur le fond comme sur la forme à Bullhead. C’est d’ailleurs la même société de production, Savage Film, qui est à l’origine des deux longs métrages. Jeroen Perceval était déjà au casting du film de Michael Roskam. Et il fut longtemps question que Matthias Schoenaerts, la révélation de Bullhead, interprète le rôle finalement dévolu à Kevin Janssens.
Schoenaerts a pour le grand public été révélé en France par De rouille et d’os, aux côtés de Marion Cotillard.

Nous ne sortons pas de la famille, car il y a des accents dans Les Ardennes que ne répudierait pas Jacques Audiard. Les personnages apportant des réponses sans nuances aux questions de la virilité et de la violence physique, les acteurs navigant entre le naturel et une certaine outrance dictée par les débordements du scénario.

Qu’il nous caresse ou pas dans le sens du poil, Les Ardennes est en tous cas un film qui ne s’oublie pas. Démarrant comme un drame social, il se mue peu à peu en film de genre, ne rechignant à aucune outrance. La mise en scène est jouissive, entièrement au service du propos et de sa noirceur anxiogène.
La façon dont les lieux sont filmés, et notamment la forêt dans les dernières scènes du film, démontrent un solide savoir-faire de la part de Robin Pront, dont l’enthousiasme juvénile conduit parfois au tape-à-l’œil, mais qui sait canaliser son talent pour aller plus loin.

Que trouve-t-on, sous la terre boueuse des Ardennes ? Qu'a-t-il gardé en mémoire, ce sol qui a un pied en France, et l'autre en Belgique ? Parfois, à la faveur d'une balade dans ses forêts, on tombe sur des véhicules militaires abandonnés là, vestiges d'une sanglante bataille, ...

Décidemment, les premiers films belges ont une puissance d’impact singulière : après le choc Bullhead il y a quelques années, Les Ardennes marque assurément la production cinématographique de 2016. Adapté de la pièce de théâtre de Jeroen Perceval (qui joue ici le ...

Véritable objet de marketing, une bande annonce trop axée vers une cible précise peut, in fine, desservir un film. A trop nous présenter « Les Ardennes » comme un polar punchy, genre ambiance Cronenberg ou Winding Refn, les distributeurs ratent leur coup, les fans seront ...