LÉON MORIN, PRÊTRE

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Nous sommes en 1940, en France occupée. Barny, est une charmante trentenaire qui s’est réfugiée, après l'arrestation de son mari juif, dans une petite ville des Alpes avec France, sa petite fille.


Barny a un caractère bien trempé et des convictions politiques affirmées. Elle est communiste et athée. Il n’empêche que, pour protéger sa fille, elle décide de la faire baptiser avec deux autres petites filles du lycée où elle travaille. Mais cette situation la perturbe. L’église et le dogme catholique n’ont rien à voir avec ses propres convictions. Par défi, elle va provoquer le prêtre de la paroisse et lui déclarer dans le confessionnal : « La religion est l’opium du peuple !». Air connu.


Loin de se scandaliser, le prêtre va argumenter et surenchérir sur ses affirmations. Déstabilisée, elle va découvrir que l’abbé Morin n’est pas un homme d’église comme les autres. Tout d’abord, il est particulièrement séduisant, il cache des juifs, il condamne les ors et le décorum de l’église et se réfère sans cesses aux saintes écritures pour prôner la vraie foi. Lors de leurs entretiens, il va essayer de la convertir. Mais Barny a-t-elle envie de croire ou n’est-elle pas plutôt tombée amoureuse de l’abbé Morin ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AU NOM D'ANNA - EDWARD NORTON (2000) (Jake, Brian et Anna étaient les meilleurs amis du monde à 13 ans. devenus adultes, Jake est devenu rabbin, Brian prêtre et, lorsque Anna réapparait 16 ans plus tard l'amour va bousculer les convictions religieuses.) ou encore LA TRAVERSÉE DE PARIS - CLAUDE AUTANT-LARA (1956) (L'occupation allemande, non plus en province mais à Paris, d'après une nouvelle de Marcel Aymé qui nous raconte le marché noir et la démerde.).

Léon Morin prêtre est tout d’abord un roman de Béatrix Beck sorti en 1952 et qui a obtenu le prix Goncourt cette année-là. Tout de suite, Jean-Pierre Melville a eu envie de l’adapter mais il lui fallait trouver les interprètes à la hauteur de son projet.


C’est en croisant quelques années plus tard Jean-Paul Belmondo sur le tournage d’A bout de souffle de Godard que Melville pense avoir trouvé son Léon Morin. Il va tout faire pour convaincre l’acteur d’endosser la soutane. Pari risqué pour Belmondo mais le résultat est une interprétation magistrale de ce personnage ambigu. « L’idée principale était de montrer ce prêtre allumeur qui aime exciter les filles et ne les baise pas » résume Melville un brin goguenard. Pour incarner la troublante et fragile Barny, il pense à Emmanuelle Riva qui l’avait séduit dans Hiroshima mon amour d’Alain Resnais. La performance de ces deux comédiens magnifiques est totalement convaincante.  Dans le même temps, Melville en profite pour faire la chronique d’une petite ville sous l’occupation. Ajoutons que Léon Morin prêtre fait partie d’une trilogie dans l’œuvre du cinéaste qui était fasciné par cette période. Le silence de la mer en 1947, Léon Morin et L’armée des ombres en 1969 en sont la preuve.

Jean-Pierre Melville est un personnage tout à fait à part dans le cinéma français. Outre sa filmographie prestigieuse, l’homme est fascinant par son indépendance et son sale caractère. Pour maitriser parfaitement la fabrication de ses films il fait construire dans un ancien entrepôt de la rue Jenner dans le 13ème arrondissement de Paris un studio de cinéma au-dessus duquel il installe ses appartements et ses bureaux. Cela lui permet de descendre la nuit faire son découpage du lendemain sur le plateau dans les décors du film. Pour en revenir à son caractère, il s’est fâché avec bon nombre de ses collaborateurs. Il régnait sur son plateau en despote et ça ne plaisait pas systématiquement à tout le monde. Sur le tournage de L’armée des ombres, Lino Ventura, excédé, décida de ne plus lui adresser la parole. Le réalisateur et sa star ne communiquaient plus que par l’intermédiaire d’un assistant. Vers la fin du tournage de L’aîné des Ferchaux, Belmondo, ne supportant plus les remarques acerbes de Melville, le gifla et quitta définitivement le plateau ce qui posa, vous l’imaginez, de gros problèmes pour achever le film.

On peut évidemment faire beaucoup de reproches au septième film de Jean-Pierre Melville, on peut trouver des défauts de montage, d'enchaînements peu convaincants, on peut même penser que certaines scènes sont peu utiles... Mais ce qui fait de ce film un classique de notre ...

Jean-Pierre Melville affectionne les causes difficiles, pour ne pas dire perdues d’avance. Parce qu’il a toujours manifesté un goût très vif pour l’indépendance, parce qu’il a promené sa caméra librement dans les rues, on a voulu en faire le père spirituel de la ...

Généralement peu friand des oeuvres qui ont pour thème central la religion, je dois dire que j'ai abordé le film avec un petit soupçon de scepticisme quand j'ai compris où il voulait aller. Toute sa première partie est en effet une joute verbale entre deux camps opposés, ...