LE MONDE SELON GARP

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Ce qui marque peut-être le plus dans ce film, c’est son générique. Ce bébé nu qui semble faire du trampoline avec un air surpris pendant que les Beatles chantent "When I’m 64", une fois qu’on l’a vu, on ne l’oublie plus. Et je vous engage d’autant plus à le regarder que le film qui suit est plutôt bon. Et ce en dépit d’un lourd handicap: être l’adaptation d’un best-seller considérable de John Irving, qui raconte la vie de ce T. S. Garp conçu dans des circonstances rocambolesques à la fin de la deuxième guerre mondiale et qui sera interprété, d’ici une quarantaine de minutes, par Robin Williams.

Une vie passée dans l’ombre de sa mère, devenue égérie du mouvement féministe aux USA. Et d’ailleurs, c’est sa mère, Glenn Close, qui y gagnera une nomination aux Oscars en 1983. Apprenti écrivain, apprenti papa, Garp passe ainsi l’essentiel de sa vie à l’ombre de jeunes femmes en pleurs, de prostiputes en voie d’émancipation ou encore d’un transexuel barraqué venu du football américain. Un rôle tenu par John Lithgow qui lui vaudra également une nomination aux Oscars.

Une curiosité à surveiller pour les amateurs, une des toutes premières apparitions à l’écran, fugitive il est vrai, d’Amanda Plummer. On la retrouvera plus longuement face à Robin Williams dans Fisher King de Terry Gilliam en 91, mais surtout en inoubliable bandite dans le Pulp Fiction de Tarantino en 94.

 
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Si on se replonge en 1982, l’année de la sortie de Garp, Robin Williams est encore largement inconnu en France. Aux Etats-Unis, c’est un peu différent, ça fait quatre ans qu’il est Mork, le roommate extraterrestre de la sage Mindy, dans la série Mork and Mindy, où il peut laisser libre cours à son talent d’improvisateur comique.

Au cinéma en revanche, jusque là on ne l’a vu qu’en Popeye dans la comédie musicale de Robert Altman, en 80, adaptée du dessin animé fameux qui fit la gloire des épinards. En 1984, Williams connaît un beau succès d’estime avec l’émouvant Moscou à New York de Paul Mazursky, où, barbu, il incarne un musicien russe qui passe à l’ouest lors d’un concert à New York. A l’époque, il existait encore un rideau de fer et Robin y gagnera une nomination aux Golden Globes. Mais c’est en 87 que la gloire frappe à sa porte avec l’incroyable rugissement qu’il pousse dans le Gooooood morning Vietnam de Barry Levinson, où il campe un animateur radio peu conventionnel pour les forces américaines au Vietnam. Un beuglement historique qui lui vaudra presque à lui seul une nomination à l’Oscar du meilleur acteur. En attendant une autre nomination, trois ans plus tard, pour le Cercle des Poètes disparus, de Peter Weir, où il apprend à ses élèves à monter sur les tables. Un Oscar, il finira quand même par en gagner un, en 98, pour son second rôle dans le Will Hunting de Gus van Sant, avec Matt Damon dans le rôle du mathématicien balayeur. Mais peut-être que son meilleur rôle reste son interprétation du génie dans Aladin, en 92. En français, c’est à la voix caméléonesque de Richard Darbois qu’on a fait appel pour ce grand moment de génie bleu. Pour en revenir à Garp, et à son auteur John Irving, si vous cherchez d’autres adaptations de ses oeuvres, nous avons en magasin l'Hôtel New Hampshire, en 84, avec Jodie Foster, ou bien L’Oeuvre de dieu, la Part du diable, en 2000 avec Tobey Maguire et Charlize Theron, ou encore Simon Birch, en 98, adapté d’Une prière pour Owen.

Quant au réalisateur de ce Garp, George Roy Hill, mort en 2002, rappelons qu’on lui doit quelques très bons moments, comme ces deux films avec Paul Newman et Robert Redford, Butch Cassidy et le Kid, et L’Arnaque, mais aussi Abattoir 5, adapté du roman de Kurt Vonnegut.