L'HOMME DE LA PLAINE

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« Avec L’Homme de la plaine, j’ai voulu récapituler mes cinq années de collaboration avec James Stewart, explique Anthony Mann. J’y ai donc repris des thèmes et des situations que j’ai poussé à leur paroxysme ». Sorti sur les écrans en 1955, L’Homme de la plaine, est le dernier des cinq westerns que James Stewart a tourné avec Anthony Mann, après Winchester 73, Les Affameurs, L’appât et Je suis un aventurier. Le thème de la vengeance du héros solitaire y est accentué par une représentation plus sauvage de la violence (par exemple dans la scène de la balle tirée à bout portant dans la paume d’un des personnages) et aussi par un comportement plus névrotique du protagoniste.

Par ailleurs, la notion de quête spatiale, chaque film se présentant comme le récit d’un voyage, est ici abandonnée. Le héros arrive d’emblée dans la contrée du Nouveau Mexique où va se dérouler l’action. Ce qui n’empêche pas le réalisateur de faire une utilisation optimale du paysage et des grands espaces magnifiés par l’utilisation du Technicolor et de l’écran large, le procédé du CinemaScope étant utilisé ici par Anthony Mann pour la première fois.

Il faut dire que le film a été tourné en décors naturels à Santa Fe et dans sa région, et que pour la lumière de son film, Anthony Mann s’est adressé à un vétéran d’Hollywood : Charles Lang. Celui-ci avait d’abord excellé dans le noir et blanc en collaborant avec des cinéastes comme Ernst Lubitsch et Joseph Mankiewicz, avant de s’illustrer dans le Technicolor avec le flamboyant Salome de William Dieterle. Après L’Homme de la plaine, Charles Lang a poursuivi dans le western, avec deux classiques de John Sturges : Règlement de comptes à OK Corral et Les Sept Mercenaires.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CHARGE DES TUNIQUES BLEUES (Même réalisateur et même scénariste) ou encore LA VALLÉE DE LA PEUR (Un autre western hollywoodien conçu comme une tragédie grecque).

Tourné en seulement 28 jours, L’Homme de la plaine n’en a pas moins fait l’objet d’un travail énorme de documentation, notamment sur les armes et l’aménagement des intérieurs pour obtenir un maximum d’authenticité. Cary Odell, le décorateur avait déjà fait ses preuves sur des superproductions comme Tant qu’il y aura des hommes et en travaillant pour un cinéaste aussi exigeant que Max Ophuls (Les Désemparés, en 1949). Toujours dans le but d’apporter un maximum de crédibilité à l’action, James Stewart a tenu à exécuter lui-même la plupart de ses cascades, permettant ainsi à son réalisateur de filmer l’action exactement comme il le souhaitait.

Ce travail sur la reconstitution historique n’exclut pas de donner au récit les allures d’une fable. Dans les années 50, les auteurs de western américains aimaient enrichir la trame de leurs films d’enjeux psychologiques qui dépassaient les codes du genre. C’était notamment le cas de Philip Yordan, le scénariste de L’Homme de la plaine qui a écrit de nombreux autres films pour Anthony Mannn du Livre noir à La Charge des tuniques bleues en passant par son mythique Côte 465. Yordan partageait avec Anthony Mann une conception du western comme expression privilégiée de la violence humaine et du cow-boy comme cousin des héros de la tragédie grecque. D’où la tentation de nombreux commentateurs de rapprocher le personnage de James Stewart de celui d’Œdipe roi dans la tragédie de Sophocle. De son côté, Anthony Mann a défini son film comme une libre variation sur Le Roi Lear de Shakespeare, les trois filles de la pièce originale étant remplacée ici par trois fils réels ou idéalisés du riche propriétaire terrien.

Après cette collaboration avec Anthony Mann, le musicien George Duning a beaucoup œuvré dans le western. On lui doit notamment les belles partitions de 3h10 pour Yuma et des Deux Cavaliers de John Ford. Mais il a témoigné aussi d’un grand talent dans le registre de la comédie, comme en attestent deux petites merveilles de Richard Quine : Ma sœur est du tonnerre et L’Adorable Voisine.

Dernier des 5 westerns tournés par James Stewart sous la direction d'Anthony Mann, L'Homme de la plaine est comme une sorte de résumé des précédents avec une part plus âpre et parfois plus dure, mais toujours profondément humaine, avec des personnages puissamment dessinés ...

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