DE SON VIVANT

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« Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance de sa mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin et d’un infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin, durant une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que cela signifie : mourir de son vivant. » tel est le synopsis original du film DE SON VIVANT coécrit par sa réalisatrice Emmanuelle Bercot avec Marcia Romano. 

Comme le chante François Morel, en français, un parent qui perd un enfant, « ça n’a pas de nom ». C’est une réalité dramatique qui ne peut être nommé que par une périphrase. Rares sont d’ailleurs les langues où ce mot existe. L’hébreu fait ainsi exception avec « Shakoul », soit la branche de la vigne dont on a vendangé le fruit. Et de cette image naît la figure du parent endeuillé. C’est elle qui prévaut ici, Emmanuelle Bercot revendiquant haut et fort avoir voulu avec DE SON VIVANT « faire un mélo. ». 

Voulant à tout prix écrire une nouvelle fois pour Catherine Deneuve et Benoit Magimel, qui obtiendra pour ce rôle le César du meilleur acteur 2022, elle les a donc imaginés dans le rôle d’une mère et de son fils. Lui atteint d’un cancer et elle à son chevet de malade condamné par la médecine. DE SON VIVANT est né de cette double envie d’un casting particulier et d’une histoire forcément dramatique racontée sur une année.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PETIT PRINCE A DIT (Avec ce film, l'actrice et réalisatrice Christine Pascal livrait un récit particulièrement sensible de la perte d'un enfant des suites d'une maladie incurable.) ou encore HAUT LES COEURS (Solveig Anspach, comme Emmanuelle Bercot, faisait d'un combat individuel contre le cancer le sujet principal de son film).

La figure du cancérologue, le docteur Eddé, est ici centrale. Or, il est incarné par le docteur Sara qui joue par conséquent son propre rôle sous un nom d’emprunt. C’est lui qui, à la suite d’une projection-débat à New York où il habite,  d’un film précédent d’Emmanuelle Bercot, LA TETE HAUTE, est en quelque sorte allé proposer se service à la cinéaste. Le praticien  est en effet persuadé que la cinéaste sera très intéressée, voire plus, par ses méthodes médicales quotidiennes dans ce qu’il appelait lui-même « les tranchées du cancer ». 

Fondée notamment sur la musicothérapie et l’implication profonde des soignants, la pratique thérapeutique du dicteur Sara a immédiatement confirmée Emmanuelle Bercot dans sa volonté d’écrire un mélo assumé qui se déroulerait dans un univers médical. D’où en parallèle, son souhait tout aussi revendiqué de ne pas faire un film ultra-réaliste qui aurait décrit de façon quasi documentaire la situation au sein d’un service de cancérologie dans un hôpital français. Il fallait juste que la parole du cancérologue soit « vraisemblable et juste » pour reprendre sa terminologie. 

De l’aveu même d’Emmanuelle Bercot, la question de la vérité a traversé toute l’écriture puis la réalisation du film : faut-il dire ou non la vérité aux patients atteints d’un mal incurable ? Et ce d’autant plus que la cinéaste et sa coscénariste resteront divisées sur le sujet : la première préférerait savoir, à l’inverse de la seconde. D’où cette forme de résolution, selon la cinéaste : « On avait envie que les gens sortent en se posant la question : Est-ce que, dans cette situation, je voudrais ou non savoir ? »

Disons-le de suite : Benoît Magimel est impeccable, ironiquement le cœur battant du film. Le sujet du droit de mourir dignement, avec un accompagnement médical et familial adapté, en laissant autour de soi "un bureau propre" (peut-être la plus jolie métaphore qu'on a entendu ...

Certains pourront voir, à travers le récit en quatre saisons de ce professeur de théâtre mourant qui tente de donner du sens à sa (fin de) vie une œuvre abusivement tire-larmes. Mais personnellement, ce mélodrame (qui s'assume en tant que tel) réalisé par Emmanuelle Bercot ...

Critique éditée le 8 septembre 2022.Benjamin, bientôt la quarantaine, est un jeune professeur d'art dramatique aimant avec passion son métier et semblant être apprécié de ses élèves. Il n'a que sa mère, Crystal, très intrusive et souvent agaçante, dans son ...