ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX

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On dit traditionnellement de lui qu’il est « irréductible ». Mais moi j’ai envie d’ajouter qu’il est inusable. Astérix a refait son apparition sur les écrans en 2014 sous une forme nouvelle et de surcroît incontestable lorsque vous en apprécierez la qualité. Nouvelle car le sémillant Gaulois est cette fois le héros d’un film d’animation numérique quand ses débuts sur grand écran avaient eu lieu sous la forme traditionnelle. Les pixels ont remplacé la gouache et les pinceaux, mais sa moustache n’en est que plus fournie et plus belle.

Le film est l’adaptation du Domaine des Dieux, paru en 1971. Un des meilleurs albums de la série. Le dix-septième dans l’ordre de parution. Avant de l’écrire, René Goscinny avait dit son inquiétude à Albert Uderzo : l’inspiration serait-elle au rendez-vous ? N’avait-il pas déjà tout dit ? La réponse est «non » évidemment. Le Domaine des Dieux est même le premier Astérix où le village imprenable connaît le danger. La colonisation paraît toute d’un coup possible, non par la force, mais par l’attrait que va susciter la résidence de luxe que l’empereur a décidé de construire tout près du village…

Derrière la caméra, on trouve pour la partie visuelle Louis Clichy, un animateur français formé à la meilleure école, celle des studios Pixar ; et bien sûr Alexandre Astier pour le scénario et les dialogues. Astier, qui jouait un Romain dans Astérix aux Jeux Olympiques à travaillé inversement à ce qui se fait d’ordinaire en France puisque les dialogues ont été enregistrés sans les images, comme s’il s’agissait d’un feuilleton radiophonique. Il voulait de cette manière privilégier le jeu et la complicité entre les acteurs. Ensuite, ce sont les dessins qui sont venus se caler sur les textes. Le ciel ne lui est tombé pas sur la tête. Un sans-faute.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ASTÉRIX ET CLÉOPATRE (Deuxième film réalisé par Goscinny et Uderzo en 1968, il restait jusqu'ici le modèle parfait de ce que les aventures d'Astérix pouvait donner de mieux au cinéma.) ou encore VERCINGÉTORIX (En 2001, Jacques Dorfmann faisait d'un irréductible gaulois mythique, le héros de son récit inspiré de l'Histoire.).

Sans l’accord d’Anne Goscinny et d’Albert Uderzo bien sûr, ce film ne ce serait pas fait. En le découvrant, la fille du cocréateur du personnage n’a pas tari d’éloges puisque selon elle cette adaptation est la "plus réussie depuis Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Elle rend, dit-elle, "vraiment hommage à l'oeuvre de mon père que j’au­rais tant aimé regar­der sourire et s’amu­ser du talent d’Alexandre ». Albert Uderzo avait peur de l’utilisation de la 3D, mais le résultat l’a convaincu.

En termes de production, ce Domaine représente un an de préparation et trois ans de travail d’animation, réalisé en studio à Levallois-Perret. M6, qui a produit le film, avait dans un premier temps proposé à Alexandre Astier d’adapter Astérix en Hispanie. Mais l’acteur-auteur-réalisateur a convaincu la chaîne de travailler sur ce qu’il disait être son album préféré d’Astérix.

Le casting du Domaine des Dieux donne le beau rôle à Elie Semoun, Loràn Deutsch où Alain Chabat réalisateur de mission Cléopâtre, dont la présence est hautement symbolique et avait valeur de porte-bonheur pour Astier. Dans de petits rôles Florence Foresti et Géraldine Nakache donnent aussi joliment de la voix. Quant à celle d’Astérix elle ne pouvait être confiée qu’à celui qui l’avait créée, dès 1967, dans Astérix le Gaulois : Roger Carel, 87 ans, qui prenait  sa retraite avec cet ultime doublage.

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