ALLEZ, RACONTE !

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Il était une fois un papa qui racontait si bien les histoires que ses enfants envoyèrent en catimini sa candidature à un concours télévisé de papas conteurs. Une sorte de Star Academy où toutes les fables sont permises.Avec ce dessin animé qu’il a écrit et réalisé Jean-Christophe Roger est en terrain bien connu. Il s’inspire de la BD de Lewis Trondheim et José Parrondo, dont il avait déjà tiré deux séries pour le petit écran et où Dany Boon prêtait sa voix au personnage du papa.

Dans cette version cinématographique, Laurent, le héros, a la voix de Eric Métayer, et doit affronter le redoutable Eric, un papa tête à claques et sournois, incarné par Elie Semoun. Omar et Fred Sy, quant à eux, sont respectivement Momo un candidat à l’imagination débordante et un animateur de télé imbu de lui-même.

Pétillant d’inventions, le scénario reprend la mécanique d’une émission de télé-réalité et joue habilement sur le suspense en égratignant au passage les tics de ce genre de programme avec un humour loufoque. Poésie et gags - scatos à l’occasion -  font ici très bon ménage et l’imaginaire est roi dans cette histoire où l’on découvre, par exemple, que la disparition des dinosaures s’explique par une indigestion de pop-corn.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LITTLE MISS SUNSHINE (Un autre film familial avec pour enjeu dramatique un concours.) ou encore PRINCES ET PRINCESSES (Dans un registre différent, un film d'animation où deux personnages donnent libre cours à leur imagination et livrent une série de contes.).

Allez raconte ! a le mérite d’être un vrai film familial où les enfants ne sont pas seuls à trouver leur compte. Le scénario à double lecture a de quoi réjouir les parents à travers les références qui leur sont clairement destinées. Les clins d’œil musicaux aux Beatles, à Jacques Brel, Michel Polnareff, Ray Charles ou Mick Jagger amusent sans doute les petits, mais séduisent au moins autant les adultes. Et le chanteur imitateur Michael Gregorio trouve ici une belle occasion d’illustrer toute  l’étendue de sa palette.

Et comme le bonheur de raconter des histoires est une affaire de tempo, la musique est très présente. Balayant une large variété de styles, de l’opéra à la pop, elle évite de verser dans le nunuche si souvent servi dans les productions pour kids.

Côté graphisme, Jean-Christophe Roger relève le défi de faire vivre des personnages sans volume, sans ombre en allant à contre-courant de la tendance actuelle qui mise sur la 3D avec des effets réalistes et sophistiqués. Cela dit, Allez raconte ! ménage de jolies séquences réalisées à partir de photos, de gravures animées. L’occasion pour le réalisateur de s’amuser avec des œuvres classiques, des toiles de maître comme la Joconde, et de revisiter quelques pages de l’histoire de France de façon surréaliste.

Bousculant sans cesse les frontières entre réalité et imaginaire, le récit s’autorise toutes sortes de délires, au nom du plaisir du conte. Pourquoi se priver d’une idylle entre Vercingétorix et Jeanne d’Arc ? Et pourquoi ne pas flanquer l’animateur de l’émission Papa raconte d’un impayable dindon ?

Mais au cœur de ce feu d’artifice fantaisiste et burlesque, se glissent des thèmes graves comme le racisme, l’égalité entre les sexes abordés sans s’appesantir mais non sans efficacité.  Sous la simplicité du trait et les personnages en à-plat apparaît une dimension plus profonde et, au-delà de son rythme speed, ce joyeux cartoon invite aussi à prendre le temps de se poser quelques questions.

Allez raconte, c'est l'adaptation au ciné d'une BD/série. Personnellement je ne connais que très brièvement le matériel de base. Mais on à l'impression d'une histoire "originale" avec ce concours de papas conteurs. Un casting vocal très riche qualitativement. Petite surprise ...

Il ne paie pas de mine au premier abord ce film d'animation adapté de l'œuvre de Lewis Trondheim & José Parrondo face à des productions en images de synthèse et autres 3D mais voici une excellente découverte. En partant d'un simple concours d'histoires, Allez raconte ! nous ...